Les chats et les huiles essentielles : un mariage malheureux !

Aujourd’hui, je vais un peu sortir du mode habituel de mes articles. Je ne vais pas vous parler des frasques de Minet et Félix dans leur quotidien, mais plus de leur santé, et en particulier d’un sujet d’actualité !
C’est une newsletter qui m’a inspirée. Des conseils pour gérer le stress du chat recommandait un collier apaisant… à base d’huiles essentielles ! Après vérification de la composition, je contactai le blog/boutique en question, mais ma remarque n’a pas été prise en compte, c’est à peine si on n’a pas rigolé à mes propos, et pourtant…
Voici donc cet article, pas comme les autres, tel que j’avais commencé à l’écrire avant de tomber sur cette newsletter :

Il est courant de nos jours de diffuser des huiles essentielles pour avoir une atmosphère chaleureuse. Nous recourons à l’aromathérapie dans bien des cas, et là encore les huiles essentielles sont utilisées. Même les nettoyeurs vapeurs sont plus efficaces avec quelques gouttes de ces précieuses huiles aux vertus incontestables…pour les humains !

On ignore souvent les méfaits que peuvent avoir de telles pratiques sur les chats…
Qu’on les respire ou qu’on les ingère les huiles essentielles se retrouvent dans notre corps. C’est une enzyme, la glucuronyl tranferase, qui va faire en sorte qu’on élimine les résidus des huiles essentielles dans notre organisme.


Mais voilà, le chat est l’une des rares espèces à ne pas sécréter cette enzyme. De ce fait, au lieu d’être transformées par l’enzyme, puis éliminée par les voies naturelles, les résidus d’huiles essentielles se retrouvent stockés dans le foie. En quelques jours à peine le foie commence à saturer de ces résidus, pouvant créer de graves lésions du foie, des défaillances hépatiques, et finalement un décès.
Bien souvent le vétérinaire lui-même ne sait pas la toxicité qu’elles peuvent provoquer sur le chat, il peut même prescrire des inhalations en cas de coryza, ou des colliers apaisants, anti-puces, etc. contenant une quantité importante de différentes huiles essentielles.
De ce fait, quand le foie commence à mal fonctionner, il ne cherche pas par là, et en de rares cas, le décès est assimilé à la prise d’huiles essentielles. Seuls les cas où l’on recherche par le biais d’une autopsie, précisément au niveau du foie, ce qui a provoqué le décès peut indiquer la présence en grande quantité de ces résidus. La plupart du temps en absence d’autopsie, le décès sera justifié par une défaillance hépatique sans autre raison, j’ai vu un cas où on évoquait un problème congénital…


En faisant mes recherches sur cette toxicité, je suis tombée sur la dose maximale qu’un chat peut ingérer par an : 2 gouttes sont le maximum que le foie du chat peut accepter en une année pour ne pas être mis en danger ! C’est-à-dire 0.005 gouttes par jour. A ce dosage là, les huiles essentielles ne sont pas assez puissantes pour que leurs vertus soient utiles.
On m’a rétorqué une fois que les huiles essentielles sont des produits naturels, donc inoffensives. La ciguë aussi est un produit naturel, comme les amanites phalloïdes…  Si vous décidez d’en boire un verre accompagné de la bonne omelette les contenant, libre à vous, mais ce sera sans moi !


Alors, pensez-vous vraiment que le jeu en vaille la chandelle ? Pensez vous qu’un bienfait temporaire entraînant de graves lésions permanentes est un moindre mal ? Pensez-vous que la douce odeur qui se dégage de votre brûle parfum soit plus importante que le foie de Minet ? C’est à vous, et vous seul, d’en juger, mais à présent vous en connaissez les conséquences possibles, conséquences qu’on ne vous donne jamais en vous les recommandant.

Marie-Hélène Bonnet

Comportementaliste du chat

http://www.comportement-chat.fr